Les conseils d’un moine pour les périodes de confinement

Le plus important est l’attitude avec laquelle on vit, l’interprétation personnelle de la situation, la conscience que ce n’est pas une défaite. Paradoxalement, cela peut être l’occasion de découvrir la plus grande et la plus authentique des libertés : la liberté intérieure que personne ne peut vous enlever et qui vient de votre personne elle-même.

Dans un contexte où les autorités nous « forcent » à être chez nous, la liberté consiste en une adhésion volontaire, sachant que c’est pour le plus grand bien. Celui qui a la capacité d’assumer la situation parce qu’il veut faire ce qui est juste est libre. Vous n’êtes pas « coincé » à la maison. Au contraire, vous avez choisi d’y rester « libre ».

Regardez à l’intérieur de vous-même. Le plus grand escape dans lequel vous pouvez vous épanouir et être heureux est dans votre cœur. Aucun espace extérieur n’est nécessaire ; il suffit de marcher librement dans son propre monde. Donnez des ailes à votre créativité, écoutez vos propres inspirations et trouvez la beauté partout.

Peut-être n’avez-vous pas encore découvert que de la paix de l’âme naît la vie, et que la vie est la plus belle des créations, tout comme la communication, la joie et l’amour. Une fois que vous vous serez habitué à vivre en vous-même, vous ne voudrez plus partir.

Exercez des vertus qui demandent de la concentration et de la connaissance de soi, ce que nous négligeons généralement lorsque nous sommes occupés à nos mille et une tâches « extérieures ». C’est sur la façon dont on fait face à ses propres émotions et pensées, c’est sur la gestion des sens et des passions que repose notre vie au paradis ou en enfer.

Observez-vous et maîtrisez-vous car, si vous vous laissez emporter par la peur, la tristesse ou l’apathie, vous ne pourrez pas vous en sortir sur le long terme. Exercez la discipline sur votre cœur : quand une pensée ne vous fait pas de bien, rejetez-la. Essayez de vous pencher vers tout ce que vous percevez qui vous apportera paix et joie. Il faut trouver une harmonie. Que vous viviez au paradis ou en enfer, tout dépend de la gestion de vos sens et de vos passions.

L’épreuve la plus difficile de ces dernières semaines est la coexistence. Face à la crise provoquée par la pandémie, les gens deviennent plus sensibles et même irritables. Il faut être très patient et faire preuve de beaucoup de bon sens. Nous sommes différents, chacun a une sensibilité différente sur de multiples choses. Accepter et respecter les opinions et les sentiments des autres. Il est tout à fait normal, quand on est chez soi, de vouloir tout contrôler.

Essayez de ne pas faire cela : car ça provoquerait de nombreux conflits et frustrations. Ne donnez pas d’importance aux différences, valorisez ce qui unit. Le seul terrain qui vous appartient vraiment est votre propre personne, vos pensées, vos mots et vos émotions. C’est de l’amour que vous tirerez compréhension et empathie, volonté de donner et gratitude. Respecter, accueillir la fragilité, dédramatiser, vivre et laisser vivre.

Rien ne peut créer un aussi grand sentiment de vide et d’ennui que de passer du temps inutilement. C’est un ennemi très sérieux qui peut vous priver de la paix, et même vous plonger dans la dépression. Faites un plan pour les prochains jours et essayez de vivre avec discipline. Le repos et l’occupation ne sont pas opposés.

Profitez de l’occasion pour vous reposer en faisant des activités qui détendent ou stimulent un esprit positif. Donnez du temps à des choses simples : cuisiner de bons petits plats, apprendre à peindre ou jouer d’un instrument de musique… Nous avons le temps ! Même si faire le déjeuner vous prend deux heures, prenez plaisir à le préparer et assurez-vous que les choses que vous faites, aussi simples qu’elles soient, ont une valeur et un but. C’est l’un des principaux conseils d’un moine pour les périodes de confinement.

Combien de fois avons-nous cessé de faire ce que nous devions faire par manque de temps. Eh bien, maintenant nous avons le temps !

Ce livre que vous avez depuis 3 ans et que vous n’avez pas lu ! C’est le moment de le commencer. Si vous aimez la musique, cherchez de nouveaux artistes, découvrez de nouveaux genres. Vous souhaitez faire un voyage ? Pensez à un pays exotique et découvrez sa culture et ses traditions… Nous avons aussi Internet pour cela. Maintenant que l’occasion se présente, ouvrez-vous à de nouvelles choses qui vous apporteront de la sagesse et vous rempliront de joie.

Tout le monde ne domine pas les émotions de la même manière. Il y aura des gens pour qui cet enfermement coûtera beaucoup plus cher qu’aux autres. Les émotions ne viennent pas seulement de l’intérieur ; ce que vous voyez, entendez, touchez, etc. C’est pourquoi il faut être sélectif avec ce que l’on reçoit de l’extérieur, pour éviter d’entrer dans des cercles vicieux qui conduisent au désespoir ou font perdre le contrôle. Évitez, dans la mesure du possible, les conversations pessimistes, les disputes, les informations excessives, les films d’horreur ou les thrillers, ne mettez pas les chaines d’information en boucle…Il faut veiller à ne pas devenir obsédé ou à ne pas céder à une émotion négative. L’excès d’écrans d’ordinateur est également mauvais, car il stimule excessivement le cerveau, ce qui provoque plus de nervosité. Il est nécessaire de bien dormir.

Un très bon remède pour canaliser l’énergie et se détendre est la danse. Mettez de la bonne musique et amusez-vous en dansant. Rien de tel que de rire et de s’amuser pour « redémarrer » le système interne.

Il est important de comprendre qu’il n’y a aucune raison de se sentir seul, car nous ne le sommes pas. L’amour et l’affection sont toujours là, même si le contact physique s’est éloigné. C’est l’occasion de vivre la communication d’une manière plus profonde et plus intime. Parlez à vos proches par message ou par téléphone, calmement, sans précipitation. Écoutez jusqu’à la fin, laissez le dialogue se développer dans la confiance et les confidences créer une complicité. Dites ce que vous n’avez jamais le temps de dire, racontez ce que vous avez toujours voulu dire, parlez de tout et de rien, mais avec affection. Cherchez les mots avec beauté, essayez d’exprimer vos sentiments les plus nobles. Parlez avec votre cœur et créez des liens beaucoup plus profonds. Vous constaterez que la distance n’est pas une absence.

Pour ne pas être en détresse, il convient également de rechercher des moments de silence et de solitude. Dans l’organisation du temps pour ces journées, inclure des espaces d' »oxygénation » individuelle est important. Combien de personnes ont déjà dit : « Comme j’aimerais être dans chez moi dans ma bulle pendant quelques jours !  » Eh bien, l’occasion se présente.

En général, les gens se fatiguent à tout faire vite, comme si la routine quotidienne ne donnait pas le temps d’assimiler ce que l’on vit. Nous attendons toujours des changements substantiels dans la société et au final nous passons notre temps à nous plaindre, à être mécontents. Rien ne va jamais comme on le souhaiterait.

Essayez de vous demander aujourd’hui : « Que puis-je changer en moi pour être mieux après ces journées ? « . Vous avez tout le temps d’y reflechir.

Seule la prière (qui est un lien d’amitié avec Dieu) peut soutenir la vie dans toutes les situations, surtout dans l’adversité. La prière qui, comme le dirait Sainte Thérèse, « même si elle est dite pour le dessert, est l’essentiel. Prier, c’est être ouvert à cet Autre qui peut nous soutenir quand nous avons besoin d’aide, mais aussi quand nous allons bien. Prier, c’est soutenir les autres qui en ont besoin. C’est l’expérience la plus universelle de l’amour.  »

Priez, parlez à Dieu, les heures passeront sans que vous vous en aperceviez. Parlez-lui de tout, il ne se lasse pas d’écouter ; laissez-le partir quand vous en avez besoin. Vous verrez que par la suite, il sera aussi à l’aise avec vous : Il est votre Père, votre Frère, votre Ami. Exercez votre foi et votre confiance. Si vous avez déjà quitté votre relation avec Dieu au cours de votre vie, essayez de renouer. Il est maintenant temps.